Découvrez notre conférence panoramique consacrée à l’électrification des usages, en présence de quatre intervenants de premier plan :

• Thomas Moreau, Président, Rexel France
• Marc Benayoun, Directeur Exécutif Groupe EDF en charge du Pôle Clients, Services et Territoires
• Sandrine Dixson-Declève, Présidente honoraire du Club de Rome
• Benoît Coquart, Directeur Général, Legrand

La nouvelle révolution électrique est en marche ! Et tous ses acteurs se sont réunis du 13 au 17 octobre à Paris – Porte de Versailles dans le cadre de RexelExpo, le grand rendez-vous de l’électrification organisé par Rexel France. Pour l’occasion, les plus de 30 000 visiteurs du salon ont eu accès à une série de conférences exceptionnelles. Président de Rexel France, Thomas Moreau a donné le coup d’envoi avec une table ronde réunissant des protagonistes clés de la transition énergétique. À ses côtés et sous la houlette de l’animatrice Dorothée Martin, étaient ainsi présents Marc Benayoun, directeur exécutif du groupe EDF, Benoît Coquart, directeur général de Legrand, et Sandrine Dixson-Declève, présidente du Club de Rome. 

Vers un nouvel âge d’or de l’électrification ?

D’ici 2050, la part de l’électricité dans le mix énergétique français doit passer de 25 % à 55 %. Ce tournant historique vise avant tout à permettre la nécessaire décarbonation du pays, encore massivement dépendant des énergies fossiles. Or, la France s’est engagée à respecter un objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. Aujourd’hui, il n’y a donc qu’un seul chemin à emprunter : celui de la grande marche de l’électrification. Incontournable pour protéger l’habitabilité de la planète, celle-ci permet dans le même temps de préserver à la fois la compétitivité et la souveraineté du pays. 

Bonne nouvelle : chaque jour, de nombreux acteurs engagés travaillent à faire avancer l’électrification. Il faut dire que l’opportunité est unique alors que la France a de nombreux atouts décisifs. Forte d’une production électrique à faible empreinte carbone – avec environ 20 grammes de CO2 par kilowattheure contre une moyenne de 290 grammes en Europe –, le pays bénéficie en effet d’une position stratégique enviable. « En France, on est déjà quasiment à zéro », confirme Marc Benayoun. Mieux encore, avec l’essor des renouvelables, l’Hexagone possède une électricité bas-carbone abondante, ce qui lui permet à la fois de soutenir l’accélération de l’électrification des usages et d’être une puissance exportatrice. Pour M. Benayoun, le système électrique français est ainsi capable de faire face à « à peu près tous les scénarios d’électrification » sans tension majeure pour au moins les dix prochaines années.

Sur le terrain, une filière unie

Côté filière, les industriels, les distributeurs et les installateurs ont pour objectif commun de faire avancer la transition énergétique. Benoît Coquart, directeur général de Legrand, a en particulier insisté sur le savoir-faire national : « 85 % de notre gamme Céliane (produits d’appareillages tels que des interrupteurs ou des variateurs, ndlr) et trois quarts des produits vendus chez Rexel sont fabriqués en France ». Dorothée Martin a, quant à elle, rappelé que les innovations se multipliaient. À tel point que les cycles de conception se sont accélérés. « Avant, on était à dix-quinze ans. Maintenant, on est plutôt vers trois-quatre ans », a précisé la journaliste.

Pour accompagner ces évolutions, Rexel mise sur la formation continue via l’offre  Open. L’objectif ? Faire en sorte que les installateurs puissent devenir de véritables conseillers en performance énergétique.

Des moteurs de croissance bien identifiés

Pas moins de trois leviers tirent déjà la transformation en cours : la mobilité électrique, les data centers et la rénovation énergétique. « En un an, la part des camions électriques a bondi de 2 à 10 % des ventes  », s’est réjoui Marc Benayoun. Même rythme côté bornes : la France compte déjà 10 % des points de charge européens alors que son parc de véhicules électriques est estimé à 2 ou 3 % au sein de l’UE. Reste un enjeu à aborder : la montée en puissance des data centers. « Leurs besoins sont colossaux : 30 térawattheures d’ici dix ans. La question, c’est plutôt comment les rendre sobres », a observé Benoît Coquart. Sandrine Dixson‑Declève, présidente honoraire du Club de Rome, a ajouté un autre point d’attention : « Je suis d’accord qu’on ne va pas nécessairement rentrer dans une sobriété de digitalisation de l’IA, mais d’un autre côté il faut qu’on fasse un calcul. Pour l’instant, est-ce que l’IA pourra vraiment rentrer dans cette révolution de l’énergie intelligente assez vite pour nous aider, ou est-ce que ça va vraiment être une corvée ? », s’est-elle interrogée.

Des tensions à lever pour réussir

L’élan de l’électrification est donc bien réel. Reste à s’assurer qu’il ne se brise pas sur les obstacles qui freinent encore la transition. « Depuis 2020, MaPrimeRénov’ a changé 15  fois. Comment bâtir une trajectoire avec une règle du jeu qui bouge sans cesse ? », a regretté Thomas Moreau. 

Par ailleurs, les pressions géopolitiques autour du Pacte vert européen (aussi appelé « Green Deal ») sont exacerbées par les pays qui tentent de le mettre à mal, comme les États-Unis. Pour éviter cela, Sandrine Dixson‑Declève a lancé un appel ferme aux dirigeants d’entreprise pour qu’ils fassent pression sur Bruxelles afin d’éviter le recul de ce Pacte vert : « Il faut que les PDG venant des plus grosses boîtes de ces transitions énergétiques et vertes partent à Bruxelles, leur dire d’arrêter leurs bêtises, car on va voir un recul au niveau de tous les investissements dans cette transition verte », s’est alarmée la coautrice de Quel monde pour demain ? – dialogue entre générations (Luc Pire, 2021).

Appuyée sur un tissu industriel dynamique et des installateurs passionnés, la France a les clés de sa révolution électrique. À condition de miser sur une stabilité réglementaire durable et de garder le cap face aux vents géopolitiques qui bousculent la transition énergétique du continent.