Transition énergétique
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Canicules de l’été 2025 : quel impact sur la production et la consommation d’électricité ?

Besoins accrus liés à la climatisation, centrales nucléaires exposées au réchauffement des cours d’eau… De plus en plus fréquentes, les très fortes chaleurs posent de nouveaux défis au système électrique français. Ceux-ci sont largement surmontables aujourd’hui mais pourraient devenir plus difficilement gérables à l’avenir.

Canicules de l’été 2025 : quel impact sur la production et la consommation d’électricité ?

Une fois encore, la France vient de vivre un été marqué par de puissantes vagues de chaleur. Du 19 juin au 4 juillet, une première canicule a affecté le pays. Cet épisode a été qualifié de « remarquable par sa durée et son caractère précoce » par Météo-France. Dans le Sud, les températures maximales ont dépassé le seuil de très fortes chaleurs – fixé à 35°C – pendant plus d’une dizaine de jours consécutifs dans des villes comme Carpentras, Nîmes ou Aix-en-Provence. Des pics à plus de 40°C ont également été enregistrés près de la Méditerranée. Paris a atteint sa température annuelle la plus élevée le 1er juillet avec une valeur observée de 38,1°C, ce qui la positionne dans le top 10 des températures les plus élevées enregistrées en 150 ans de mesures dans la capitale. 

Du 8 au 18 août, une seconde vague de chaleur s’est abattue sur le pays, concernant principalement la moitié sud. Un épisode qualifié d’« exceptionnel » par Météo-France et parfois comparable à la canicule historique d’août 2003 dans le Sud-Ouest. Cette fois, la chaleur a atteint des pics allant jusqu’à près de 43°C dans la Drôme. En cumulant ces deux canicules, Météo-France note qu’avec 27 jours de chaleur, « l’été 2025 se classe au 2nd rang pour le nombre de jours en vague de chaleur ». Conséquence du changement climatique, qui a déjà entraîné un réchauffement de +1,9°C en France par rapport à l’ère préindustrielle, ces canicules de nature exceptionnelle ont vocation à être de plus en plus fréquentes et de plus en plus intenses. D’ailleurs, sur les 51 vagues de chaleur recensées en France depuis 1947, 34 l’ont été depuis 2000. 

L'été 2025 se classe au 2nd rang pour le nombre de jours en vague de chaleur.

Météo-France

L’été, une saison de basse consommation

Au-delà de multiples risques afférents, cette nouvelle réalité climatique a aussi un impact sur la consommation et la production d’électricité. 

Côté consommation, la saison estivale correspond à la période de l’année où elle atteint son plus bas niveau. En 2024, celui-ci a été observé au mois d’août, période de fort ralentissement de l’activité économique. Mais ce mois d’août 2024 a aussi été marqué par des températures supérieures aux normales de saison, avec une première quinzaine très chaude et une vague de chaleur du 6 au 13 août. Conséquence : dans son bilan électrique pour l’année 2024, RTE, gestionnaire national du réseau électrique, constate par rapport aux années précédentes une augmentation de la consommation électrique en été, principalement en raison d’un besoin accru en climatisation

Dans une note publiée en amont de l’été 2024, RTE situait l’impact de la climatisation sur la consommation d’électricité dans une fourchette de 700 à 1100 MW par degré supplémentaire, « en fonction des conditions de températures rencontrées au niveau national ». Le record historique de consommation estivale en France avait ainsi été atteint le 25 juillet 2019 lors d’une vague de chaleur exceptionnelle avec un pic observé à 59,1 GW à 13h. Ce jour-là, par exemple, la température avait atteint plus de 42°C à Paris, un record en plus de 150 ans de mesures dans la capitale. Le même phénomène a été observé lors de la première vague de chaleur de l’été 2025 avec une pointe de consommation légèrement inférieure à 60 GW.

Les centrales nucléaires vulnérables à la sécheresse et au réchauffement des cours d’eau

Outre la hausse de consommation liée à l’accroissement du recours à la climatisation, d’autres facteurs entrent en jeu, notamment la hausse des besoins d’électricité liés aux centres de données. Pour autant, RTE s’était montré rassurant en début d’été, notant un niveau de production suffisant et un système électrique largement en mesure « de faire face aux besoins d’électricité même en cas d’épisodes intenses de canicule et de sécheresse ». Si des coupures ou micro-coupures d’électricité ont pu être observées localement durant l’été, notamment à Paris ou dans la région de Bordeaux, celles-ci étaient liées à la chaleur elle-même et non à la consommation. Enedis, gestionnaire national du réseau de distribution d’électricité, a ainsi expliqué que les fortes chaleurs augmentent significativement la température des sols goudronnés, mettant ainsi sous « forte contrainte »  les réseaux souterrains, ce qui entraîne « des perturbations sur le réseau de distribution ».

De plus en plus extrêmes et sur des durées de plus en plus longues, les fortes chaleurs ont évidemment un impact sur les infrastructures et sur les outils de production comme  les barrages hydroélectriques, sensibles à l’assèchement des cours d’eau mais aussi des centrales nucléaires. Celles qui sont implantées hors littoral sont installées à proximité de cours d’eau. L’eau des fleuves et rivières (Garonne, Loire, Rhône, Gironde, Meuse, Seine, Moselle, Vienne) est alors pompée pour servir de fluide refroidissant avant d’être rejetée. Problème : la pratique est conditionnée à des seuils de débit et de température de l’eau. Or, comme le note le média franceinfo « de manière générale, lorsque le seuil de 25°C en amont de la centrale est atteint, l’installation électrique ne peut la réchauffer que de 3°C pour éviter tout effet sur la biodiversité ». Le rejet d’une eau trop chaude pourrait en effet participer à réchauffer davantage le cours d’eau, générant un effet délétère sur sa faune et sa flore. 

 

De manière générale, lorsque le seuil de 25°C en amont de la centrale est atteint, l'installation électrique ne peut la réchauffer que de 3°C pour éviter tout effet sur la biodiversité.

Média France Info

Avec les renouvelables, des plages de forte abondance d’électricité bas-carbone à exploiter

En cas de canicule prolongée ou de sécheresse, EDF doit abaisser – sauf dérogation – la puissance de ses réacteurs voire de les mettre à l’arrêt. C’est ce qui s’est produit cet été avec l’arrêt du seul réacteur actif de la centrale de Golfech dans le Tarn-et-Garonne. En cause : la température trop élevée de la Garonne qui avait atteint près de 30°C à la fin du mois de juin. Après avoir été relancé, le réacteur de Golfech avait ensuite dû réduire sa puissance lors de la deuxième canicule du mois d’août. RTE note toutefois que, malgré ces limitations de production, « la France est restée globalement exportatrice sur tous les épisodes de chaleur de l’été »  et « disposait de marges significatives pour assurer la sécurité d’approvisionnement ». Mais le réchauffement des cours d’eau en été, concomitant avec une chaleur estivale de plus en plus marquée, posent des défis de taille. « Pour les sites nucléaires en bord de fleuve, à réglementation inchangée et sans adaptation des installations existantes, les risques d’indisponibilité des tranches augmenteront » avait alerté la Cour des comptes. De son côté, EDF assure travailler à améliorer la résilience de ses infrastructures existantes, notamment en améliorant la performance des systèmes de refroidissement. 

Pour l’heure, les pertes de production nucléaire générées par les canicules et les sécheresses sont relativement faibles. Depuis 2000, elles n’ont représenté que 0,3% de la production annuelle du parc nucléaire, selon EDF. Un chiffre qui pourrait bondir à 3% par an d’ici 2040 selon les projections de la Cour des Comptes. Si l’enjeu n’est pas négligeable, la France ne risque pas encore de souffrir d’approvisionnement en électricité en été. Comme l’indique RTE, le pays doit au contraire gérer « des épisodes de forte abondance de la production bas-carbone » liés au développement des capacités renouvelables. Le gestionnaire du réseau de transport d’électricité s’inquiète ainsi d’une « consommation électrique encore faible tant que les projets d’électrification ne se concrétisent pas ». Un rappel que la consommation d’électricité a quoi qu’il arrive vocation à augmenter à toutes les saisons si la France veut tenir ses objectifs de décarbonation. Lesquels impliquent une électrification massive des usages. En attendant, la priorité reste bien d’éviter les pertes de production d’électricité bas-carbone lorsque celle-ci est abondante.

Le saviez-vous ?

Rexel est le leader français de la distribution de solutions d’électrification. L’entreprise conçoit et distribue ces solutions sur 3 marchés : résidentiel, tertiaire et industriel. À ce titre, Rexel France fait partie des acteurs clés de la transition énergétique du pays.

Crédit photo : freepik

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