
- Génie électrique
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Le media
de l’électrification
Depuis 2023, 40 lycées professionnels qui préparent les élèves aux métiers de l’électricité se sont engagés dans le dispositif « Écoles des réseaux pour la transition énergétique ». Mis en place par RTE, Enedis et d’autres acteurs de la filière, ce réseau a pour objectif d’accompagner les écoles pour former les étudiants aux nouvelles compétences nécessaires à ce marché mouvant. Retour d’expérience.
Cet article est extrait du Magazine La France électrique.
Il est disponible au téléchargement en page d’accueil du site.
Aux lycées Édouard Branly et Gabriel Péri, à Amiens et à Créteil, le réseau s’incarne avant tout dans le matériel, selon les coordinateurs des programmes. « Grâce à Enedis, nous sommes en train de construire un plateau technique avec plusieurs salles dédiées : branchements électriques sur façade, branchements sur poteaux, raccordements compteurs…, décrit avec enthousiasme Élodie Héren, chargée des relations école-entreprises du lycée professionnel amiénois. Il y a huit postes de travail avec toutes les sortes de branchements que l’on retrouve sur le territoire des Hauts-de-France. » Entre le matériel installé et le temps de travail, l’investissement est proche des 80 000 euros, estime-t-elle. Même son de cloche chez Thierry Velien, enseignant en génie électrique et formateur dans la filière électricité du lycée Gabriel Péri, à Créteil. « Enedis a fourni beaucoup de matériel très spécifique : tous les compteurs électriques notamment pour le dépannage des compteurs Linky, les poteaux électriques avec leur coffret de raccordement, des coffrets de distribution pour les quartiers entiers… »
Un équipement primordial pour les lycées professionnels : grâce à lui, ils peuvent mieux enseigner à leurs élèves, et les amener à acquérir de nouvelles compétences. « Avant, on ne pouvait pas travailler sur les gros raccordements comme ceux des réseaux nationaux ou régionaux ; il fallait ce matériel un peu spécifique. La formation se faisait en interne dans les entreprises et les élèves découvraient le matériel sur place. » Pour les apprentis électriciens, les équipements fournis apportent donc un plus grand confort d’apprentissage, tout en leur permettant d’être plus efficaces plus rapidement.
En plus de ce matériel flambant neuf, Enedis, RTE et les partenaires de la filière forment les professeurs et prennent en main une partie de l’enseignement des élèves, détaille Élodie Héren. « Deux enseignants sont partis en formation chez Enedis pendant deux jours. Sur les cinq modules, nos enseignants vont en assurer trois et Enedis et RTE assurent les deux autres », dit-elle. « Nos enseignants sont allés sur le terrain pour une mise en pratique d’un raccordement, ajoute Thierry Velien. Tout a été filmé et on a créé des travaux pratiques (TP) et des modules vidéo qui sont exploités chez nous. L’élève doit reproduire ce que fait le technicien Enedis à partir des captations vidéo. » Ces modules sont mis en commun pour tous les lycées, et tous les TP sont accessibles sur la plateforme Eduscol. Une taxe d’apprentissage est également mise en place de la part de la filière à destination des lycées.
C’est un pilier de l’Éducation nationale que de proposer un diplôme qui permet de travailler dans le champ de tout l’électrotechnique.
Élodie Héren
Chargée des Relations école-entreprises, lycée Édouard Branly d'Amiens
Pour les écoles, c’est une façon de garantir à leurs élèves une employabilité immédiate. Mais « il n’y a pas d’obligations, précise Élodie Héren. Les élèves arrivent en formation en sortie de collège et finissent leur bac pro à 17 ans et demi. Pour beaucoup, ils ont d’abord envie de faire des missions en intérim et de découvrir plusieurs structures avant de rejoindre une entreprise vers 19 ou 20 ans. » « Le partenariat ne se fait pas au détriment de la formation initiale, c’est juste une orientation supplémentaire, ça ajoute une corde, insiste Thierry Velien. On n’est pas obligé d’envoyer des élèves là-bas, le métier d’électricien est très vaste. » Le professeur rappelle que la certification reste « un diplôme d’État » et que les lycées professionnels ont toujours eu des rapports privilégiés avec les entreprises. « C’est un pilier de l’Éducation nationale que de proposer un diplôme qui permet de travailler dans le champ de tout l’électrotechnique, assure Élodie Héren. À la sortie, les étudiants peuvent être installateurs de portails, travailler avec un électricien, rejoindre une grande entreprise ou encore reprendre l’entreprise de leurs parents. Dans tous les cas, ils gardent leur liberté. »
Les professeurs sélectionnent néanmoins les élèves avec grande attention, en concertation avec leurs parents. « Il faut identifier les jeunes qui veulent s’arrêter au niveau bac pro, l’objectif n’est pas d’envoyer tout le monde là-bas. Du côté des entreprises, leur rôle est d’ouvrir des postes, que ces élèves aient un boulevard qui s’offre à eux », explique Thierry Velien. En 2024, pour sa deuxième promo, le lycée de Créteil a accueilli six élèves. Amiens, qui a lancé le dispositif à la rentrée 2024, compte huit élèves en stage chez des sous-traitants d’Enedis et pourra à terme en accueillir 14.
Tout le monde parle de la transition énergétique, sauf qu’on a oublié que pour la faire il faut des électriciens.
Thierry Velien
Enseignant en génie électrique, lycée Gabriel Péri de Créteil
Des élèves qui vont être amenés à se former en continu aux nouveaux métiers de l’électrification. « Il y a dix ou vingt ans, on travaillait encore à la construction du réseau, retrace Élodie Héren. Aujourd’hui, il s’agit de s’occuper de l’entretien du réseau et de se former à de nouveaux marchés comme les bornes de recharge de véhicules électriques, l’éclairage public ou les luminaires à LED. » Dans son département, la Somme, la production d’électricité est plus importante que la consommation. « Ça modifie les schémas de distribution », précise-t-elle.
« Ce sont des métiers qui ne s’enseignaient pas dans les écoles et qui sont en train de changer. Par exemple, le technicien qui vient changer le compteur doit avoir des notions de programmation numérique, ajoute Thierry Velien. Tout le monde parle de la transition énergétique, sauf qu’on a oublié que pour la faire il faut des électriciens ; et il faut les former. » Avec les Écoles des réseaux pour la transition énergétique, une première pierre de cet édifice essentiel pour la France de demain est posée.