Génie électrique

Conférence RexelExpo : Filière électrique : les métiers qui branchent l’avenir

Pierre angulaire de la transition énergétique, l’électrification ne se fera pas sans ses artisans. En première ligne de cette grande transformation, les métiers de la filière électrique peinent pourtant à recruter. Comment attirer et former les talents qui construiront et feront vivre les réseaux de demain ? 

Conférence RexelExpo : Filière électrique : les métiers qui branchent l’avenir

Découvrez cet échange sur les leviers d’attractivité, de formation et d’innovation qui façonneront la filière électrique de demain, en présence de :

  • Céline Coulibre-Duménil, Directrice du développement durable, Groupe Rexel – Vice-présidente de la Fondation Rexel
  • Jean-Michel Romann, Conseiller social, Union Française de l’Electricité
  • Alexandre Siné, Directeur du projet Écoles des réseaux pour la transition énergétique, Enedis
  • Cécile Vigneron Responsable attractivité des métiers, SERCE les entreprises de la transition énergétique et numérique

Éléments de réponse recueillis lors d’une table ronde animée par Marjorie Paillon à l’occasion de Rexel Expo 2025, en compagnie de Jean-Michel Romann, conseiller social à l’Union Française de l’Électricité, Alexandre Siné, directeur du projet « Écoles des réseaux pour la transition énergétique » chez ENEDIS, Cécile Vigneron, responsable Relations Écoles & Entreprises au SERCE, et Céline Coulibre-Duménil, Sustainability Director & vice-présidente de la Fondation Rexel Group.

Une filière en transition

« Le secteur de l’électricité représente aujourd’hui près de 600 000 emplois en France, introduit Jean-Michel Romann, conseiller social à l’Union Française de l’Électricité. Parmi eux, 200 000 concernent le système électrique, 200 000 le bâtiment, 60 000 l’industrie – avec des acteurs comme Rexel ou des fabricants de matériel – et environ 30 000 sont des métiers liés aux infrastructures de transport et aux villes. » Un tissu professionnel déjà dense, appelé pourtant à évoluer profondément avec l’accélération de la transition énergétique.

Pour soutenir cette révolution, des investissements conséquents sont déjà engagés : le rapport « Besoins en emplois et compétences de la filière des réseaux électriques » financé par France 2030, détaille le fléchage 2,5 milliards d’euros investis par l’État à horizon 2040 pour soutenir l’émergence de talents dans la filière électrique et accélérer l’adaptation des formations aux besoins de compétences des nouvelles filières et des métiers d’avenir. Le déploiement de ces projets exige le recrutement de plus de 40 000 personnes dans les prochaines années, et cela à tous les niveaux de compétences, des monteurs de réseau aux chargés de projet. Pourtant, comme le souligne Alexandre Siné, directeur du projet « Écoles des réseaux pour la transition énergétique » chez ENEDIS, la capacité actuelle du système éducatif à former ces professionnels est loin d’être suffisante. Il pointe également la forte concurrence entre les différentes filières industrielles, dont la chimie et l’automobile qui recrutent massivement dans les formations aux métiers de l’électricité, comme les BTS électrotechnique ou les bacs professionnels MELEC.

Au-delà de la question de la formation, l’attractivité du secteur fait également défaut : si l’électricité est un service essentiel à la vie quotidienne, il est trop souvent banalisé, voire invisibilisé, déplore Jean-Michel Romann. « Une étude récente montre que les jeunes entre 15 et 20 ans ont au quotidien des comportements très engagés envers l’environnement, témoignant d’une grande conscience écologique. Toutefois, ils ne perçoivent pas comment ces valeurs peuvent se traduire dans nos métiers », déplore Cécile Vigneron, responsable Relations Écoles & Entreprises au SERCE.


La filière électrique offre pourtant une réponse concrète aux enjeux d’une transition vers un monde décarboné. Le secteur est même porteur, en croissance, et ses métiers sont vecteurs de sens puisqu’ils permettent de « réconcilier le dilemme entre la fin du monde et la fin du mois », formule Alexandre Siné.

Préparer ces métiers d’avenir

Face à ces constats, la fondation Rexel, active depuis plus de dix ans, a revu récemment sa mission pour la recentrer autour de l’éducation à la transition énergétique. Depuis 2024, elle soutient la Fédération des Écoles de Production, une association qui réunit 71 écoles réparties sur tout le territoire, pour reconnecter les jeunes en décrochage scolaire à des métiers utiles, en lien direct avec les besoins de leurs régions. « L’objectif est de créer des passerelles entre les réalités industrielles locales et les enjeux de la transition énergétique. Et l’ambition de notre Fondation est de former 1 800 jeunes d’ici trois ans », précise Céline Coulibre-Duménil, Sustainability Director & vice-présidente de la Fondation Rexel Group.

Les organismes de formation s’efforcent également d’anticiper la complexité des métiers de demain, nécessairement hybrides, comme le souligne Alexandre Siné : « Avec les nouveaux usages et l’essor des données, l’obsolescence des compétences s’accélère : d’ici dix ans, il est probable que les réseaux électriques soient partiellement gérés par l’IA, ou par des drones par exemple. Il faut donc intégrer ces innovations au fil de leur apparition dans les parcours de formation, ce que nous essayons de faire avec nos partenariats avec des établissements comme l’Université Lyon 1 (ndlr, spécialisée dans les sciences et technologies) ou le CNAM (ndlr, une école d’ingénieurs). »

L’enjeu crucial de l’attractivité

Parmi les professionnels présents, une idée semble faire l’unanimité : l’importance de redorer l’image de celle qu’’on appelait la « fée électricité » au début du siècle dernier. « Aujourd’hui trop souvent perçue comme une commodité, l’électricité est un bien essentiel d’importance majeure pour le pays et pour sa souveraineté, et pivot d’un monde décarboné » rappelle Jean-Michel Romann. Les études présentées par les panélistes démontrent un déficit d’attractivité pour les métiers de la filière ; les jeunes manquent de visibilité sur les opportunités du secteur, tandis que les établissements de formation peinent à recruter des vacataires. Pour Jean-Michel Romann, la clé réside dans une mobilisation collective dès le plus jeune âge : « Il faut rouvrir les imaginaires autour de la technologie, faire redécouvrir les métiers techniques et les métiers de l’art industriel ». Cécile Vigneron insiste également sur l’enjeu de féminisation : « Les jeunes femmes sont sous-représentées dans les métiers de techniciens et monteurs réseau, et pour cause : elles ne représentent qu’environ 8 % des effectifs des bacs professionnels. Pourtant, il s’agit de métiers d’avenir, non délocalisables, véritables ascenseurs sociaux et piliers de la vitalité des territoires.»

En partenariat avec France Travail, des initiatives concrètes ont vu le jour. « La possibilité de reconversion professionnelle crée de l’emploi industriel, favorise la mixité et ouvre des passerelles entre les métiers techniques et des profils venus d’autres horizons » souligne Alexandre Siné. Pour lui, l’attractivité passe avant tout par une stratégie collective de communication et de sensibilisation. « Il faut parler aux jeunes, aux jeunes femmes, mais aussi à celles et ceux qui les orientent : professeurs principaux, conseillers d’orientation… ». Et Cécile Vigneron de conclure : « Aujourd’hui, il ne s’agit plus seulement de former, mais de donner envie. Il faut montrer aux jeunes qu’ils ont leur place dans cette transformation et convaincre les professionnels en poste de prendre le virage avant qu’on ne le leur impose. Il en va de la compétitivité de notre industrie, mais aussi de notre capacité collective à réussir la transition énergétique ».

Le saviez-vous ?

Rexel France propose à ses partenaires professionnels des formations techniques, des dispositifs d’accompagnement dans la mise en œuvre de projets liés aux nouvelles normes, aux panneaux photovoltaïques ou à d’autres solutions bas-carbone. Le fournisseur de produits et services a également mis en place So Watt, un réseau d’artisans permettant d’échanger entre pairs, de bénéficier de tutos ou de suivre des webinars.

Crédits photo : © Awen photos – Xavier Delouche-Vocourt

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